Ce film documentaire est l’histoire d’une trajectoire hors norme au sein de la génération « No Future ». Celle d’un sympathisant de la lutte armée d’extrême gauche, braqueur et musicien. Raconter ce destin chaotique, c’est aussi raconter une époque: celle des années 80 quand les groupes rock et punk hurlaient leur rage désabusée, celle de la fin de la guerre froide et du nihilisme, de la lutte armée qui gagnait alors l’Europe et fascinait la jeunesse: action directe en France, ETA en Espagne, la RAF en Allemagne, les Brigades rouges en Italie et l’IRA en Irlande du Nord.
C’est aussi l’époque de l’héroïne qui fait des ravages, puis du sida qui vient sonner la fin de la partie.. Gilles Bertin fonde en 1980 le groupe punk «Camera Silens» dont le nom est inspiré par les cellules d’isolement dans lesquelles étaient enfermés les membres de la Fraction Armée Rouge. S’ensuivent des années de musique, de défonce à l’héroïne dans des squats, d’anarchie et de vols… Il est un des cerveaux du légendaire braquage de la Brinks. C’était le 26 avril 1988. Déguisés en gendarmes, une improbable équipe de braqueurs – des punks, des anarchistes et des toxicomanes -, dévalisent les coffres de la Brinks. Bilan : 11,7 millions de francs (1,8 millions d’euros) et pas un coup de feu. La plupart des malfaiteurs sont interpellés et condamnés, sauf Gilles Bertin qui réussit à s’enfuir. Sa cavale va durer près de trente ans.
Personne n’imagine alors qu’il a refait sa vie à quelques centaines de kilomètres de là, dans une banlieue populaire de Barcelone. Alors que tout le monde le croyait mort des suites du sida ou d’un règlement de compte, il réapparaît à Toulouse 30 ans plus tard, en novembre 2016 pour être jugé. La Cour d’Assises le condamne à cinq ans de prison avec sursis. Aujourd’hui il se reconstruit une vie entre celle qu’il a commencée il y a 30 ans et celle qu’il a abandonnée en cavale…