Portée par une vision sociale et avant-gardiste de l’architecture, Charlotte Perriand a révolutionné l’aménagement intérieur et dessiné des meubles iconiques. Ce documentaire en forme de carnet de bord nous plonge dans l’intimité d’une vie de passion et de création. Disparue en 1999, la designer, architecte et urbaniste Charlotte Perriand a marqué le XXe siècle. À 24 ans, cette fonceuse frappe à la porte de l’atelier de Le Corbusier, qu’elle appellera bientôt « Corbu », attirée par ce chaudron transdisciplinaire, où bouillonnent des talents venus du monde entier. D’un tempérament volcanique, elle la claquera dix ans plus tard à l’issue d’une collaboration orageuse mais fructueuse. En mission au Japon en 1940, elle découvre avec fascination une philosophie et un art de vivre dépouillés, inspirés du bouddhisme zen. De son amour de l’alpinisme à la conception de la station des Arcs, en passant par son invention des meubles en kit ou sa participation à l’édification de la Cité radieuse à Marseille, occasion d’un rabibochage avec « Corbu », ce film, en forme de carnet de bord, détaille ses nombreux combats pour révolutionner l’habitat et leurs répercussions sur la vie quotidienne des femmes et des classes populaires. Tout au long de sa vie, cette amoureuse du vide, dont la vocation est née en voyant le décor dénudé d’un hôpital, n’aura de cesse d’optimiser l’espace et de réinventer l’aménagement intérieur pour le rendre aéré, facile à vivre et accessible au plus grand nombre. Ses meubles, gracieux et ingénieux, comme la délassante chaise longue basculante, inspirée des postures de campeurs au repos, sont devenus des icônes du design. Ponctué d’extraits de ses mémoires, et d’entretiens audio ou vidéo, où, d’une voix rieuse et gouailleuse, Charlotte Perriand se raconte, ce documentaire nous plonge dans l’intimité créatrice d’une femme épicurienne, audacieuse et passionnée et nous fait saisir avec beaucoup d’élégance l’inventive épure des créations de cette figure de l’avant-garde. Documentaire de Stéphane Ghez.