L’histoire économique du XXe siècle a été marquée par deux événements majeurs qui ont bouleversé l’ordre établi et provoqué des bouleversements économiques mondiaux : le krach boursier de 1929 et le choc pétrolier de 1973. Ces crises ont eu des causes différentes, mais elles partagent un point commun essentiel : elles ont toutes deux plongé l’économie mondiale dans une profonde récession, illustrant la fragilité des systèmes économiques face à des chocs externes.

Le krach de 1929, également connu sous le nom de « Grande Dépression », est souvent considéré comme l’une des pires crises économiques du monde moderne. À la fin des années 1920, les États-Unis, principale puissance économique mondiale, connaissaient une période de prospérité sans précédent. Cependant, cette prospérité était en grande partie basée sur une spéculation boursière excessive, alimentée par des crédits faciles et un optimisme irrationnel. Le 24 octobre 1929, connu sous le nom de Jeudi noir, la bulle spéculative éclata brutalement, entraînant un effondrement des cours boursiers. Ce krach ne se limita pas à Wall Street. Il eut des répercussions immédiates à travers le monde, provoquant une contraction massive de la production industrielle, une augmentation vertigineuse du chômage et une chute drastique des échanges commerciaux internationaux.

Les effets de la Grande Dépression furent dévastateurs. Dans les années qui suivirent, de nombreux pays adoptèrent des politiques protectionnistes, aggravant la récession. Le système bancaire s’effondra dans plusieurs nations, et les gouvernements eurent du mal à trouver des solutions efficaces face à la montée du chômage et à la misère croissante. Les États-Unis mirent plusieurs années à se redresser, en grande partie grâce à la mise en place du New Deal, une série de réformes économiques et sociales adoptées sous la présidence de Franklin D. Roosevelt. Toutefois, c’est la Seconde Guerre mondiale qui mit définitivement fin à cette période de dépression en relançant l’activité industrielle et la demande de main-d’œuvre.

Quarante ans plus tard, le monde fut à nouveau secoué par un autre événement aux conséquences économiques désastreuses : le choc pétrolier de 1973. Contrairement à la crise de 1929, qui avait pour origine des problèmes internes au système financier, le choc de 1973 fut le résultat d’une décision géopolitique. En réponse au soutien apporté par les États-Unis et plusieurs pays occidentaux à Israël durant la guerre du Kippour, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), dominée par les pays arabes, décida de réduire drastiquement la production de pétrole et d’augmenter les prix. En quelques mois, le prix du baril de pétrole quadrupla, provoquant une flambée des coûts de l’énergie dans les économies développées.

Les conséquences du choc pétrolier furent immédiates et sévères. Les pays industrialisés, fortement dépendants du pétrole pour alimenter leurs industries et leurs infrastructures, furent confrontés à une inflation galopante, à un ralentissement économique et à une montée du chômage. L’inflation par les coûts, c’est-à-dire une augmentation des prix provoquée par une hausse des coûts de production, devint un problème central pour les gouvernements. Les politiques économiques keynésiennes, qui avaient dominé l’après-guerre, semblaient désormais inadaptées pour répondre à cette nouvelle réalité. De nombreux pays durent adopter des politiques monétaires restrictives pour tenter de contrôler l’inflation, au prix de récessions douloureuses.

Ce choc marqua également un tournant structurel dans l’économie mondiale. Le choc de 1973 accéléra la transition vers des économies plus sobres en énergie et favorisa l’émergence de nouveaux acteurs économiques en dehors des États-Unis et de l’Europe. Par ailleurs, il remit en question la stabilité du modèle de croissance des Trente Glorieuses, période de forte croissance qui avait suivi la Seconde Guerre mondiale. Les crises énergétiques des années 1970 aboutirent à une révision profonde des politiques économiques, marquant l’émergence du néolibéralisme, prôné notamment par Margaret Thatcher au Royaume-Uni et Ronald Reagan aux États-Unis.