Le 12 janvier 1945, l’armée Rouge lance une offensive massive en direction de Berlin. Cet assaut s’accompagne de 180 divisions appuyées par environ 10 000 chars, déployés contre les 110 divisions allemandes qui tentent de défendre le front oriental.
L’avancée soviétique est spectaculaire : en seulement quelques semaines, les troupes soviétiques parcourent près de 500 kilomètres pour atteindre l’Oder à la fin du mois. À ce moment, la capitale allemande, Berlin, n’est plus qu’à une distance stratégique de 80 kilomètres des forces soviétiques, annonçant l’inévitable assaut final sur la ville.
Les victoires alliées sur le front occidental
Pendant ce temps, sur le front occidental, le commandement des troupes allemandes est assuré par le maréchal Von Rundstedt. Le mois de janvier apporte également son lot de victoires pour les Alliés, en particulier avec la fin de la bataille des Ardennes.
Ce succès est marqué par la prise de Bastogne, une bataille décisive qui entraîne la perte d’environ 80 000 soldats de la Wehrmacht et des SS. À la tête des forces alliées, le commandant en chef Eisenhower dirige plusieurs groupes d’armées américains (VIe, XIIe, et XXIe) tandis que le général britannique Montgomery poursuit sa progression à travers la Rhénanie-Palatinat en direction du Rhin.
Montgomery franchit finalement le Rhin à Bonn et près de Duisbourg, tandis que les forces françaises sous le commandement du général De Lattre traversent le fleuve plus au sud, notamment à Spire et Gemersheim. Avec ces avancées, les Alliés se positionnent désormais sur le sol allemand, cherchant des passages stratégiques pour continuer leur avancée au nord de l’Alsace.
La situation des ponts sur le Rhin et l’opportunité de Remagen
Les ponts sur le Rhin, en particulier celui de Remagen, deviennent alors des objectifs stratégiques essentiels pour les Alliés.
Au cours des mois précédents, ces infrastructures ont été la cible d’ordres et contre-ordres successifs. Les Alliés, initialement décidés à détruire les ponts pour couper les renforts allemands vers les Ardennes, bombardent la région de Remagen à plusieurs reprises, notamment les 28 décembre 1944 et 2 janvier 1945.
Pourtant, le sort de ces ponts reste incertain pour les Alliés, jusqu’à ce que le lieutenant Carl Timmermann, un officier américain de la 1ère armée, fasse une découverte capitale au matin du 7 mars. Le pont ferroviaire reliant les villes de Remagen et Erpel est encore intact, offrant une opportunité rare d’éviter des travaux de génie militaire et de permettre un passage rapide de camions et de véhicules lourds.
La prise du pont sous le feu de l’artillerie allemande
Le lieutenant Timmermann reçoit alors l’ordre de prendre le pont, malgré l’ordre de destruction donné personnellement par Hitler.
Alors que les troupes américaines avancent sur la rive occidentale, elles subissent plusieurs tirs d’artillerie allemande. Toutefois, le pont de Remagen lui-même est faiblement défendu, et la population locale, mobilisée pour renforcer les défenses, est réticente à prolonger les combats pour éviter de nouvelles pertes civiles.
La plupart des habitants de Remagen et d’Erpel se regroupent dans un tunnel sur la rive orientale, près du chemin de fer, tentant ainsi d’échapper aux affrontements.
Une reddition inattendue
Alors que les troupes américaines approchent du pont, un jeune canonnier allemand, Karl Busch, âgé de quinze ans et possédant quelques notions d’anglais, tente de parlementer avec les soldats alliés. Dans le même temps, les officiers allemands restent confinés avec les civils dans le tunnel, cherchant à éviter des représailles. Après un bref échange de tirs, les soldats allemands finissent par se rendre.
La nouvelle de la prise du pont atteint Hitler, qui réagit avec une extrême sévérité : il révoque Von Rundstedt, nomme le maréchal Kesselring à la tête du commandement et fait exécuter quatre officiers jugés « responsables » de la perte du pont.
Un passage crucial pour les Alliés et l’effondrement du pont
La prise du pont de Remagen représente un succès stratégique majeur pour les Alliés. En l’espace de quelques jours, cinq divisions américaines parviennent à traverser le Rhin grâce à cette structure, ouvrant ainsi la voie à une progression plus rapide vers l’Allemagne intérieure.
Cependant, le pont ne résiste pas longtemps à cet afflux constant de troupes et de matériel. Dès le 17 mars, sous le poids des divisions américaines et les dommages causés par les précédents bombardements, le pont de Remagen s’effondre.
Malgré cela, le passage des troupes alliées en territoire allemand marque un tournant décisif dans la fin de la guerre en Europe.