Les Burgondes, un peuple originaire de Scandinavie, marquent l’histoire de l’Europe de manière singulière au cours des premiers siècles de notre ère. Dans un premier temps, ils s’établissent le long des bords de l’Oder et du Rhin au deuxième siècle. Bien qu’éloignés des Romains, notamment en raison de la présence des Alamans, leur histoire prend une nouvelle tournure avec l’arrivée au pouvoir de leur roi Gondichaire.
En l’an 411, Gondichaire établit un premier contact avec l’empereur romain, ce qui amorce l’intégration des Burgondes dans les affaires de l’Empire romain.
Installation des Burgondes sur les bords du Léman
Aux alentours de 431, environ vingt ans après ce premier contact, le général romain Aetius prend l’initiative d’installer les Burgondes, non sans résistance de leur part, sur les bords du lac Léman. Cette décision stratégique vise à confier aux Burgondes la défense des cols alpins du Grand Saint-Bernard et de Jougne, afin de contrer l’avancée des peuples germaniques vers le sud.
En intégrant les Burgondes à cette mission de garde des montagnes, les Romains espèrent utiliser leur force militaire pour stabiliser la région.
Expansion du royaume burgonde au-delà de la Sapaudia
Les Burgondes, bien que limités au départ au territoire romain de Sapaudia (qui correspond à l’actuelle Savoie), ne tardent pas à étendre leur contrôle sur d’autres régions.
Vers 455, ils annexent les territoires de Lyon et Dijon, puis atteignent la vallée de la Durance en 475. Le roi Gondioc, celui qui avait organisé leur installation avec les Romains, meurt en 473. Avec sa mort, le royaume burgonde entre dans une période de prospérité relative et atteint son expansion maximale.
Leur territoire s’étend alors du nord de la Bourgogne jusqu’à la Drôme, incluant Langres, Grenoble, Avignon, ainsi qu’une partie de la Suisse et s’étend même à l’ouest jusqu’à Nevers. La capitale du royaume se situe d’abord à Vienne, avant de se déplacer à Lyon.
Une synthèse juridique entre droit romain et traditions
Dans leur quête d’assimilation et de stabilité, les rois burgondes cherchent à établir une synthèse juridique entre le droit gallo-romain et leurs propres coutumes.
Le mode de vie des Burgondes, souvent perçu comme exotique par les populations locales, se distingue par des pratiques singulières : ils portent le cheveu long, achètent leurs épouses et appliquent des sanctions pénales inhabituelles, comme celle imposant au voleur d’un chien de brûler le postérieur de l’animal en public.
Pour atténuer les conflits juridiques et culturels, deux textes majeurs sont instaurés : le Liber Constitutionum, un texte fondateur proche d’une constitution, et la Lex Romana Burgundionum, destinée à harmoniser les relations juridiques entre Burgondes et Romains. Grâce à ces lois, les deux communautés disposent de droits équitables, ce qui leur permet d’accéder à l’armée et aux fonctions judiciaires, contribuant ainsi à une certaine intégration sociale.
La politique sanglante des rois burgondes
Cependant, cette période d’expansion et de prospérité est assombrie par les luttes internes et les assassinats politiques au sein de la dynastie burgonde. La rivalité entre les quatre fils du roi Gondioc – Godégisèle, Godomar, Chilpéric et Gondebaud – entraîne une quasi-guerre civile, marquée par l’assassinat successif de trois d’entre eux, entre 490 et 501.
Cette situation instable affaiblit le royaume, et malgré la conversion du roi Sigismond au catholicisme vers 505, les tensions demeurent, notamment face aux Francs qui voient en cette conversion une opportunité d’étendre leur influence.
Héritage culturel de l’âge burgonde
Malgré les vicissitudes de son histoire et l’absence de continuité en tant qu’État moderne, l’âge burgonde laisse un héritage culturel significatif. Il contribue notamment à définir la frontière linguistique en Suisse, marquant la séparation entre la Suisse romande (francophone) et la Suisse alémanique (germanophone).