Article | 4 novembre 1980 : Reagan président

Né en 1911 dans une famille irlandaise, Ronald Reagan voit le jour à une époque où les dynamiques sociétales et les défis personnels se dessinent de manière différente de notre époque moderne.

Dès son jeune âge, il montre un intérêt marqué pour le monde du spectacle, ce qui le conduit naturellement vers Hollywood, alors en pleine effervescence.

Il commence sa carrière d’acteur avec un enthousiasme débordant, bien que celle-ci restera rétrospectivement discrète.

Au début des années 1940, il obtient plusieurs rôles notables qui, bien qu’ils ne lui apportent pas une reconnaissance durable, lui permettent de se faire un nom.

Il incarne notamment « Georges le tricheur », un personnage dont le surnom lui collera longtemps à la peau.

Reagan joue également un docteur maléfique dans le film populaire « Kings Row » sorti en 1942, un rôle qui, pour beaucoup, représente le sommet de sa carrière cinématographique.

Par ailleurs, il endosse le rôle de plusieurs soldats courageux dans des productions telles que « Hellcats of the Navy », incarnant des personnages empreints de bravoure et de patriotisme.

Bien que sa carrière d’acteur ne soit pas couronnée de succès retentissants, elle constitue une étape importante qui façonnera sa personnalité publique et son avenir politique.

Engagement syndical et anticommunisme

À partir de 1947, Reagan se lance dans une nouvelle aventure en prenant la présidence de la Screen Actors Guild (SAG), le syndicat des acteurs.

C’est à ce poste qu’il commence véritablement à se faire un nom, cette fois-ci non plus comme acteur, mais comme leader syndical.

Son mandat est marqué par un engagement particulièrement zélé contre le communisme, une menace qu’il perçoit comme imminente et dangereuse pour l’industrie cinématographique et le pays tout entier.

Cette période correspond à l’ère de la Commission sénatoriale McCarthy, établie de facto l’année suivante, qui commence à exercer une influence considérable à Hollywood.

Sous l’égide de cette commission, Reagan est aujourd’hui fortement soupçonné d’avoir dénoncé plus d’une dizaine de ses collègues, incluant des acteurs, réalisateurs et autres personnalités influentes, parmi lesquelles figure l’écrivain et scénariste Dalton Trumbo.

Ces dénonciations auront des conséquences graves, menant à la condamnation et à l’emprisonnement de plusieurs de ces personnes, qui seront plus tard connues sous le nom des « dix de Hollywood ».

Ces événements auront un impact durable sur la carrière et la vie de Reagan, qui s’impose alors comme une figure controversée mais incontournable du paysage hollywoodien de l’époque.

Transition vers la politique

Après avoir mis un terme à sa carrière dans le cinéma et son engagement syndical, Reagan se réinvente une fois de plus en trouvant un emploi chez General Electric.

Cette transition marque le début de son immersion dans le monde politique.

Il participe activement à plusieurs campagnes présidentielles du côté républicain, soutenant des candidats de renom tels que Dwight Eisenhower en 1952 et 1956, Richard Nixon en 1960, et surtout Barry Goldwater en 1964.

Bien que la campagne de Goldwater soit un échec cuisant, elle se révèle être un véritable laboratoire pour des pratiques politiques innovantes, notamment en matière de financement des campagnes électorales.

En 1965, Reagan est approché par trois hommes influents et visionnaires prêts à le soutenir et à financer ses ambitions politiques.

Parmi eux se trouve P.J. Rawley, un milliardaire catholique fondamentaliste, ainsi que deux autres milliardaires texans issus de la Western Geophysical et d’Union Oil.

Ce groupe de soutien, qui sera plus tard surnommé le « kitchen cabinet », offre à Reagan un appui stratégique et financier crucial.

Grâce à eux, il réussit à décrocher le poste de gouverneur de Californie dès l’année suivante, un poste qui lui permettra de se faire une place durable dans le paysage politique américain.

Gouverneur de Californie

En tant que gouverneur de Californie, Ronald Reagan se retrouve rapidement confronté à des défis majeurs qui mettront à l’épreuve ses compétences et sa détermination.

La contestation anti-guerre, exacerbée par l’implication croissante des États-Unis au Vietnam, et l’agitation sur le campus de Berkeley deviennent des problèmes de premier ordre qui exigent une réponse ferme et décisive.

Reagan, fidèle à son image de leader fort et déterminé, décide de décréter l’état d’urgence et ordonne à la Garde nationale d’intervenir contre les étudiants manifestants.

Cette décision, bien que controversée, reçoit l’approbation de ses bailleurs de fonds et de nombreux électeurs conservateurs.

Elle montre sa capacité à prendre des décisions difficiles et à maintenir l’ordre, deux qualités qui seront essentielles dans sa carrière politique ultérieure.

En réprimant fermement ces mouvements de contestation, Reagan renforce son image de gardien de la loi et de l’ordre, ce qui lui permet de consolider son soutien auprès de la base électorale républicaine et de se préparer à de plus grandes ambitions nationales.

La campagne présidentielle de 1980

La campagne présidentielle de 1980 est un tournant décisif dans la carrière de Ronald Reagan.

Il se lance dans la course à l’investiture républicaine, affrontant des adversaires de taille, dont l’ancien directeur de la CIA, George Bush.

La primaire républicaine est particulièrement disputée, mais Reagan parvient à s’imposer grâce à son charisme, son expérience politique et son réseau de soutien puissant.

Cependant, George Bush possède également un réseau influent, composé d’analystes ultra-conservateurs tels que Paul Wolfowitz et Jeane Kirkpatrick.

Ces derniers ont pour objectif principal de relancer la guerre froide et les commandes militaires, formant ce que l’on appellera plus tard la « team B ».

En marge de la primaire, les factions de Reagan et de Bush entament des négociations difficiles pour trouver un terrain d’entente.

Finalement, ils parviennent à un accord qui aboutit à un ticket Reagan/Bush.

Cette alliance symbolise déjà l’alchimie néoconservatrice qui imprègnera la politique américaine des années suivantes, marquée par une forte composante évangéliste et une volonté de renforcer la puissance militaire des États-Unis.

L’élection présidentielle de 1980

Le 4 novembre 1980, Ronald Reagan est élu président des États-Unis, marquant une étape historique pour le pays.

Son élection survient en pleine crise des otages américains en Iran, une situation qui contribue à l’impopularité du président sortant Jimmy Carter.

La désastreuse opération de sauvetage lancée par Carter pour libérer les otages échoue, renforçant le sentiment d’impuissance et de frustration parmi les Américains.

Reagan capitalise sur cette situation, promettant de restaurer la grandeur et la force des États-Unis.

Il remporte l’élection avec près de 44 millions de voix et la quasi-totalité du collège des grands électeurs, démontrant ainsi un soutien massif et une légitimité incontestable.

Cependant, à peine quelques mois après son investiture, il est victime d’une tentative d’assassinat, un événement qui choque la nation.

Miraculeusement, Reagan survit à l’attentat, renforçant encore sa stature de leader courageux et résilient aux yeux du public.

Cet épisode dramatique marque le début d’une présidence qui sera caractérisée par des défis majeurs, tant sur le plan national qu’international, et par une volonté inébranlable de défendre les valeurs américaines.

Conclusion

Ainsi, Ronald Reagan, de ses débuts modestes en tant qu’acteur à sa carrière politique marquante, incarne une figure emblématique dont l’impact sur la politique américaine reste profond et durable.

Son parcours, riche en rebondissements et en décisions audacieuses, a laissé une empreinte indélébile sur l’histoire des États-Unis.