Article | 295 à – 265 : Rome soumet les Etrusques

Entre -295 et -265, la République romaine réussit à imposer sa domination sur les Étrusques, marquant une étape cruciale dans l’histoire de la péninsule italienne. Cette période, qui s’inscrit dans un contexte de bouleversements profonds, est le résultat d’un long processus de déclin pour les Étrusques, entamé bien avant ces dates.

Le point de départ de cet effacement progressif remonte à la révolution de -509, un moment charnière où Rome se débarrasse des rois étrusques qui la gouvernaient, identifiés à la dynastie des Tarquins, et où la République est officiellement proclamée.

Ce changement de régime à Rome n’est pas un simple épisode politique, mais bien un tournant décisif pour l’ensemble de la région.

La complexité géopolitique de la péninsule italienne

Après la révolution de -509, Rome, désormais républicaine, doit composer avec un contexte géopolitique extrêmement complexe.

À la tête de la Ligue latine, elle étend son influence au sud de son propre territoire. Cependant, elle se trouve entourée de multiples forces rivales.

Les peuples montagnards, tels que les Sabelliens, les Samnites, les Volsques et les Sabins, contrôlent les régions environnantes.

Encore plus au sud, ce sont les villes grecques, avec Syracuse en tête, qui prospèrent. Au nord, les Étrusques, occupant ce qui correspond aujourd’hui à la Toscane, subissent déjà des revers significatifs, notamment la perte de l’accès à l’Adriatique au profit des comptoirs grecs, et plus particulièrement des Phocéens.

Malgré ces pertes, les Étrusques restent une force redoutable, organisés en une confédération de cités appelée la Dodécapole, comparable aux ligues grecques.

Les alliances et conflits dans la lutte pour le contrôle

La situation politique de l’époque est marquée par un enchevêtrement d’alliances et de conflits.

Les Romains, dès -430, s’allient avec les Latins pour renforcer leur position, tandis que leurs ennemis s’organisent aussi. Ainsi, une coalition entre Samnites, Gaulois et Étrusques se forme, tentant de contrer l’expansion romaine.

Cependant, les Romains, montrant une habilité diplomatique supérieure, parviennent à naviguer dans ce labyrinthe d’alliances fluctuantes. Néanmoins, la domination sur les Étrusques n’est pas immédiate et Rome doit mener des guerres incessantes pendant près de trois siècles pour soumettre à la fois les peuples montagnards et les Étrusques.

La chute de Veies : une étape décisive

Une des étapes les plus cruciales dans la soumission des Étrusques par Rome est sans doute le siège et la destruction de Veies en -396.

Cette ville, qui contrôlait un point stratégique sur le Tibre, était l’une des plus puissantes cités étrusques. La victoire romaine à Veies ne marque pas seulement une conquête territoriale; elle symbolise aussi le début de la fin pour la résistance étrusque.

Cette défaite affaiblit significativement les Étrusques, les rendant plus vulnérables aux futures offensives romaines.

Les raids gaulois et la conquête finale

Après la chute de Veies, Rome doit faire face à une nouvelle menace : les raids gaulois.

L’un des plus célèbres, celui mené par Brennus, représente un défi majeur pour Rome, qui peine à défendre ses territoires. Ces raids gaulois semblent profiter temporairement aux Étrusques, qui voient leurs oppresseurs romains affaiblis.

Cependant, Rome reprend rapidement l’initiative et relance ses campagnes de conquête contre les cités étrusques.

Entre -295 et -265, Rome poursuit ses efforts avec détermination, menant à la chute successive des dernières cités de la Dodécapole.

La fin de l’indépendance étrusque et l’intégration à Rome

Cette période de trente ans est marquée par des victoires décisives pour Rome.

En -295, Soltinum (Volterra) tombe sous les coups des Romains, suivie par Volsinies (Orvieto) en -264. Avec ces conquêtes, la résistance étrusque est définitivement brisée.

L’Étrurie, autrefois un ensemble de cités prospères et influentes, est intégrée à la République romaine sous le nom d’Etruria regio.

Cette intégration marque la fin d’une époque pour les Étrusques, qui passent du statut de puissance régionale à celui de province sous domination romaine.

Conclusion

Ainsi, entre -295 et -265, Rome achève la soumission des Étrusques, un processus long et complexe, qui a profondément transformé la configuration politique de la péninsule italienne.

La disparition des Étrusques en tant que force indépendante n’est pas simplement un épisode de conquête militaire, mais un tournant dans l’histoire de Rome, qui s’impose comme la puissance dominante en Italie, jetant les bases de ce qui deviendra plus tard l’Empire romain.