Article | 2 août 1346 : bataille de Crécy

Le 2 août 1346 marque une date clé dans l’histoire de la France et de l’Angleterre avec la Bataille de Crécy, l’une des batailles les plus marquantes de la guerre de Cent Ans.

Pour bien comprendre cette bataille, il faut revenir en arrière, en 1328, lorsque Philippe VI accède au trône de France. Ce dernier devient roi à la suite d’un glissement dynastique, prenant la couronne après la mort de Charles IV le Bel, le dernier des Capétiens en ligne directe, décédé sans héritier mâle.

Ce passage de pouvoir ne se fait pas sans contestation, notamment de la part du roi d’Angleterre, Édouard III.

Édouard III, petit-fils du roi Édouard Ier d’Angleterre, est profondément irrité par cette transition. En effet, il est également le petit-fils de Philippe le Bel, non pas par son père, mais par sa mère, Isabelle de France. Cette même Isabelle, qui avait d’ailleurs participé à l’assassinat de son propre père, Philippe IV, pour faciliter son ascension au pouvoir.

Édouard III considère qu’il a un droit légitime à la couronne de France, étant directement lié à la dynastie capétienne. Philippe VI, quant à lui, est seulement le neveu du défunt roi, étant le fils de Charles de Valois, frère de Charles IV.

Cette situation crée une tension énorme entre les deux royaumes.

Les revendications d’Édouard III et le début du conflit

Sous ces conditions tendues, Édouard III ne prête que faiblement hommage à Philippe VI, un acte de vassalité qu’il réalise sans enthousiasme ni grand cérémonial.

Rapidement, il se rétracte, refusant de reconnaître pleinement l’autorité de Philippe. Finalement, à l’automne 1337, à Westminster, Édouard revendique officiellement le trône de France, ce qui déclenche une série de conflits armés qui dureront plus d’un siècle, connu sous le nom de la Guerre de Cent Ans.

La Normandie devient une région particulièrement stratégique, un enjeu de pouvoir semblable à l’époque de Philippe Auguste, un siècle et demi plus tôt.

Cependant, dès le début, les forces anglaises montrent leur supériorité maritime en anéantissant la flotte française lors de la bataille de l’Écluse.

Cette victoire anglaise sur mer signifie que le conflit se déplacera principalement sur le continent, où les deux armées se préparent à s’affronter.

Le débarquement d’Édouard III en Normandie

Le 12 juillet 1346, Édouard III débarque à Saint-Vaast, dans le Cotentin, à la tête d’une armée d’environ 12 000 hommes.

Ce débarquement marque le début d’une campagne de terreur en Normandie, où les troupes anglaises ravagent la province. Les soldats anglais se montrent particulièrement impitoyables à Caen, où la population est massacrée sans merci.

Après cette victoire sanglante, l’armée anglaise marche vers la région parisienne, laissant derrière elle un sillage de destruction, détruisant le château de Saint-Germain et ravageant Nanterre.

La bataille de Crécy : une catastrophe pour la France

Face à cette menace, Philippe VI parvient à rassembler une imposante armée de 36 000 hommes, dont 15 000 arbalétriers génois, ainsi que plusieurs alliés étrangers, parmi lesquels Jean Ier de Luxembourg, roi de Bohème, un monarque aveugle mais déterminé à se battre.

Cette armée française se dirige vers Crécy, à une vingtaine de kilomètres au nord d’Abbeville, où elle affronte les troupes anglaises dans une bataille qui s’avérera désastreuse pour la France.

Les arbalétriers génois, qui constituent l’avant-garde de l’armée française, sont tragiquement mal préparés pour le combat. Privés de leurs boucliers, restés à l’arrière, ils sont une proie facile pour les archers anglais, les fameux longbowmen, qui, selon les récits, décochent près de 500 000 flèches durant la bataille.

Ces flèches mortelles fauchent les arbalétriers génois en grand nombre, les plongeant dans la confusion.

Malgré cette première défaite, les chevaliers français, animés par une conception rigide de l’honneur guerrier, s’élancent à leur tour. Cependant, les conditions météorologiques leur sont défavorables : la pluie et la boue rendent la charge difficile, les chevaux trébuchent, et l’attaque se désorganise rapidement.

Les chevaliers, incapables d’engager un combat rapproché avec les Anglais, qui sont retranchés en hauteur, se retrouvent décimés.

Les conséquences de la défaite pour la France

Sous les yeux du jeune fils d’Édouard III, le futur Prince Noir, la bataille se transforme en massacre. 1 250 chevaliers et 15 000 hommes d’armes français, dont 6 000 arbalétriers génois, sont tués.

Certains sont achevés par les coutiliers gallois, des soldats mercenaires connus pour leur brutalité. Cette défaite laisse la France exsangue, privée d’armée capable de défendre ses territoires.

Philippe VI, contraint de quitter le champ de bataille, assiste impuissant à la déroute de ses forces. La France, désormais sans défense, perd le contrôle de ses provinces du Nord, qui tomberont sous domination anglaise pour plusieurs décennies.

Cette situation sera finalement officialisée en 1360 par le Traité de Brétigny, qui scellera la défaite française et consacrera la perte de ces territoires.

La bataille de Crécy est un tournant majeur dans la Guerre de Cent Ans, illustrant la supériorité tactique et technologique des Anglais, notamment grâce à leurs archers.

Cette défaite française met en lumière les faiblesses de la chevalerie traditionnelle face aux nouvelles techniques de guerre, préfigurant les bouleversements militaires qui transformeront l’Europe au cours des siècles suivants.