Article | 1693 – Fondation du mouvement Amish

En 1693, un évêque protestant suisse alémanique du nom de Jacob Amman, insatisfait des pratiques de son mouvement religieux d’origine, prend une décision radicale. Avec une profonde conviction et un désir de rester fidèle à ses croyances, Amman se sépare du groupe auquel il appartenait jusqu’alors.

Ce mouvement, connu sous le nom de Mennonites, trouve ses racines dans les enseignements de Simon Menno, un autre religieux protestant anabaptiste qui était décédé en 1559. La scission entre les adeptes d’Amman et les Mennonites n’est pas simplement théologique, mais aussi liée à des questions pratiques et rituelles. Parmi les divergences, on retrouve des débats sur la fréquence de la communion, l’obligation du lavage des pieds comme rite sacré, et des différences de points de vue concernant les codes vestimentaires.

Les origines de la séparation avec les mennonites

Ces divergences, bien qu’elles puissent sembler mineures, sont suffisamment importantes pour provoquer une rupture profonde. Les partisans de Jacob Amman, qui seront désormais appelés Amish en référence à leur leader, se trouvent rapidement confrontés à une période de persécution dans leur région d’origine.

Les tensions religieuses étant exacerbées, d’autres évêques, tels que Zwingli, participent à cette répression. Face à ces pressions, les Amish n’ont d’autre choix que de fuir et de se disperser à travers l’Europe centrale. Ils trouvent refuge en Alsace, en Allemagne et au Luxembourg, mais leur quête d’un lieu de vie sûr et stable ne fait que commencer.

L’exil en Pennsylvanie : une nouvelle terre d’accueil

À la même époque, de l’autre côté de l’Atlantique, un quaker anglais du nom de William Penn se voit octroyer de vastes concessions foncières dans ce qui deviendra plus tard l’État de Pennsylvanie. Penn, animé par une vision de tolérance religieuse, ouvre ces terres à tous les groupes chrétiens persécutés, à condition qu’ils renoncent au prosélytisme et s’engagent à coexister pacifiquement.

Les Amish, cherchant désespérément un lieu où ils pourraient pratiquer leur foi sans crainte de répression, saisissent cette opportunité. Dès 1710, ils commencent à s’installer dans cette région agricole. Leur mode de vie simple et distinctif leur vaut le surnom de « The Plain People ».

L’épanouissement de la communauté Amish en Amérique

Alors que la communauté Amish en Amérique s’étend et prospère, atteignant aujourd’hui entre 90 000 et 150 000 membres répartis dans 22 États, leurs homologues européens disparaissent progressivement.

Les Amish vivent selon un ensemble strict de règles appelé « Ordnung », qui régit chaque aspect de leur vie quotidienne. Ce code les engage à adopter un mode de vie semblable à celui du 17ème siècle, rejetant les innovations modernes telles que l’électricité et les automobiles. Les Amish se déplacent en carriole, tandis que l’usage de la bicyclette est généralement réservé aux enfants. La seule concession à la modernité est le téléphone, mais même celui-ci doit être installé à l’extérieur des fermes, loin de leur espace de vie.

Les pratiques religieuses et sociales chez les Amish

Ne disposant pas d’églises traditionnelles, les Amish organisent leurs offices religieux toutes les deux semaines, en rotation dans les différentes fermes de la communauté. La messe est célébrée en allemand, accompagnée de chants grégoriens, préservant ainsi des traditions vieilles de plusieurs siècles.

La discipline au sein de la communauté est rigoureusement maintenue : tout manquement aux règles est sévèrement sanctionné par une forme d’excommunication appelée « shunning ». Cette pratique, qui remonte à Amman lui-même, se traduit par un ostracisme social, interdisant toute communication, relation maritale ou commerciale avec le membre sanctionné.

Une communauté singulière dans un monde moderne

Les Amish maintiennent une distance presque totale avec l’État fédéral. Ils ne participent pas aux élections, refusent de servir dans l’armée et ne perçoivent aucune subvention gouvernementale. Leur mode de vie unique a attiré l’attention des tribunaux américains, et en 1972, la Cour suprême des États-Unis a statué en leur faveur, leur permettant de maintenir leurs enfants hors du système scolaire public obligatoire.

Cette décision a reconnu le droit des Amish à préserver leur culture et leurs traditions, malgré la modernité environnante. Ainsi, ils continuent de vivre selon des principes séculaires, en marge de la société moderne, mais avec une résilience et une détermination qui ont permis à leur communauté de non seulement survivre, mais aussi de prospérer dans un monde en constante évolution.